ll fait revivre les objets
Sébastien Rosseel dans son atelier où il redonne une nouvelle vie à des sièges anciens
Au 36 rue Émile Zola, Sébastien Rosseel réveille le passé d'Halluin avec un atelier de tapissier garnisseur matelassier.
Les débuts de son entreprise sont prometteurs. Avec minutie et savoir-faire il s'attache a redonner une seconde vie à du mobilier ancien.
BERNADETTE COSYN > correspondante locale
Le local a été longtemps inoccupé, mais pour les distraits qui n'auraient pas vu l'enseigne, les bruits qui s'échappent du bâtiment sont révélateurs. Sébastien Rosseel, après 12 ans d'expérience dans le métier, a décidé de voler de ses propres ailes et a fait choix d'Halluin pour y ouvrir son atelier. « Mon patron cessait son activité. J'ai hésité à reprendre et j'ai finalement décidé de créer ma propre affaire. Halluin, avec son passé centré sur les sièges, m'a paru la ville idéale. » explique-t-il. Il a ouvert le 2 mai. « Je ne savais pas alors que le samedi était le jour du marché. Je ne pouvais pas choisir une meilleure date car de ce fait la rue est très fréquentée ce jour-là. » Depuis, il est beaucoup mieux au courant de la vie halluinoise dans laquelle il s'est fondu, quittant Lille pour s'installer à proximité de son atelier. Refaire des sommiers et matelas, regarnir des sièges, on pourrait penser que ce métier appartient au passé. Il n'en est rien.« J'ai du travail pour les 5 semaines à venir », assure l'artisan avec fierté.
7 à 13 heures de travail pour un fauteuil
Il est arrivé dans ce métier par hasard, et y est resté par passion. « A l'issue d'une formation de menuisier, on m'a proposé un emploi chez un tapissier. Un métier dont j'ignorais tout. De toute façon, ce métier s'apprend sur le tas, pas dans une école ». Sébastien Rosseel partage donc ses journées entre de la literie et différents fauteuils de style. Les matelas en laine cèdent souvent la place aux matelas en mousse et les générations actuelles rachètent du neuf, mais les personnes âgées font encore refaire leur matelas. Il y a néanmoins un article qu'il n'assurera plus.
« J'ai refait un matelas en kapock pour une cliente. C'était horrible : malgré les aspirations, il y avait de la poussière partout. Deux mois après, j'en retrouve encore. » Sébastien Rosseel refait aussi les sommiers tapissiers à l'ancienne, avec les 48 ressorts ensachés individuellement et une garniture de crin. Seule concession à la modernité, le crin est végétal et non plus animal, pour une raison de coût.
A côté de cela l'artisan redonne une nouvelle jeunesse à toute une collection de sièges aux noms évocateurs d'une époque révolue : cabriolets, sièges crapauds, fauteuils Régence... Il décape et rénove la boiserie, refait les sangles de l'assise, regarnit et habille d'étoffe ou de cuir selon les goûts du client. Sa formation de menuisier est un atout lorsqu'un pied est cassé. « Sinon, il faudrait l'intervention d'un ébéniste, cela coûte plus cher et ne se justifie que si le meuble est d'époque. » La rénovation coûte plus cher que l'achat de neuf bas de gamme. Un fauteuil demande de 7 à 13 heures de travail minutieux. Mais c'est un investissement durable. « A part le tissu de garniture, le reste de mon travail durera 25 à 30 ans. Les meubles que je rénove ont une valeur sentimentale forte pour mes clients, ce sont ceux de leurs parents ou de leurs grands-parents. Ils ne les confient pas facilement » reconnaît l'artisan, d'autant plus attaché à les satisfaire.
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